Depuis plusieurs mois, les hausses de prix marquent le pas aux Etats-Unis. Pour la France, en revanche, c'est une autre histoire. L'inflation est attendue à 7% sur 1 an en janvier 2023. Et à un tel niveau, rares sont les placements qui pourront protéger votre épargne.

En 2022, les 30,4 millions de ménages français ont vu leur épargne s'évaporer de 2 400 euros en moyenne, selon les estimations de la fintech Mon Petit Placement. En cause : un écart persistant entre l'inflation et les rendements des produits d'épargne.

La première a atteint 5,2% en 2022. Tandis que les seconds ont oscillé entre 0,5 et 4,6%. Conséquence ? Pour chaque euro déposé sur ces placements au cours de 12 derniers mois, vous avez perdu du pouvoir d'achat.

La bonne nouvelle, c'est que cet écart se réduit progressivement. Le rendement du Livret A, par exemple, est passé de 0,5 à 1%. Puis ce taux a doublé pour atteindre 2%. Et à compter du 1er février 2023, il augmentera à 3%.

C'est un bon début. Mais ce rendement n'est toujours pas suffisant pour vous protéger contre l'inflation qui selon la Banque de France devrait être de 6% en moyenne en 2023 après un pic à plus de 7% en début d'année.

D'autres placements y parviennent. Toutefois, ces derniers se comptent (presque) sur les doigts de la main.

1. Le Livret d'épargne populaire (LEP)

Zéro frais. Zéro fiscalité. Zéro risque. Zéro délai pour retirer vos fonds. Sur papier, le LEP a tout pour plaire. Mais si ce livret fait parler de lui en ce moment, c'est surtout à cause de son rendement. Et pour cause : à partir du 1er février prochain, le taux du LEP va passer de 4,6% à 6,1%. Soit son niveau le plus élevé depuis 1986.

Cette hausse spectaculaire, le LEP la doit à l'inflation. Car justement : ce livret a été pensé pour protéger les ménages modestes contre la flambée des prix. Son taux d'intérêt est révisé une fois par semestre à partir de l'inflation mensuelle moyenne observée au cours des 6 derniers mois.

Cela dit, tout le monde ne peut pas profiter des largesses du LEP. Pour souscrire ce livret, votre revenu fiscal de référence (RFR) ne doit pas dépasser 21 393 euros. Plus de 10 millions de Français y sont éligibles, mais n'ont pas encore ouvert de LEP. Dommage. Car à ce jour, aucun autre placement n'offre une meilleure protection contre l'inflation.

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2. L'immobilier locatif

Face à l'inflation, la pierre-papier présente de sérieux atouts. A commencer par ses rendements, souvent élevés. En moyenne, les SCPI ont généré 4,2% de rendement sur les six premiers mois de l'année 2022. Certaines ont même surperformé l'inflation. C'est notamment le cas des SCPI Iroko Zen (7,10%) et Corum Origin (7,03%).

« Sur les vingt dernières années, le rendement des SCPI a surpassé l'inflation presque chaque année », note Jonathan Dhiver, fondateur de meilleureSCPI.com. Et pour cause : les SCPI sont l'un des rares véhicules d'épargne dont les rendements sont (en partie) indexés sur l'inflation.

Concrètement, lorsque vous achetez des parts de SCPI, la société de gestion investit votre argent pour acheter des biens immobiliers, qu'elle met ensuite en location. Et les loyers qu'elle perçoit en contrepartie sont indexés sur l'Indice de référence des loyers (IRL), l'Indice des loyers commerciaux (ILC) ou l'Indice des loyers des activités tertiaires (ILAT).

Ces trois indices tiennent compte de l'inflation, ce qui protège en partie votre épargne. Du moins en théorie, puisque ce mécanisme n'est pas infaillible. L'Etat a ainsi mis en place jusqu'à juin 2023 un bouclier loyer.

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3. Les obligations indexées sur l'inflation (OII)

C'est un placement plus confidentiel. Pourtant difficile de ne pas vous parler des obligations indexées sur l'inflation (OII) tant elles sont adaptées à la situation. Ces titres de créance s'adressent spécifiquement aux investisseurs qui souhaitent se prémunir contre la hausse des prix.

Dès 1998, l'Etat français a commencé à émettre des obligations assimilables du Trésor indexées sur l'indice des prix à la consommation en France (OATi) ou en Europe (OAT€i). Le principal avantage des OII, c'est qu'en cas de hausse des prix, vos rendements augmentent eux aussi.

Mais ce placement n'est pas sans risque. Car si l'inflation retombe, vos rendements suivront. « En l'absence de hausse des prix significative, les obligations indexées sur l'inflation rapportent moins qu'une obligation classique », prévient Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l'épargne.

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4. L'or

C'est la valeur-refuge par excellence. L'or a traversé les siècles, les crises et les guerres. Mais s'agit-il d'un placement efficace contre l'inflation ? En théorie oui. « En période d'inflation, la valeur de la monnaie baisse », rappelle Jean-François Faure, fondateur du site AuCoffre.com. « Résultat : il faut plus d'argent pour acheter une même quantité d'or ».

Depuis le début du mois de novembre, le cours du métal jaune a bondi de 15%. Et le prix d'une once frôle aujourd'hui les 1 900 dollars. Soit son plus haut niveau depuis 1 an. Faut-il pour autant convertir vos euros en lingots ? Pas nécessairement. Car d'autres facteurs, indépendants de l'inflation, sont susceptibles d'impacter le cours de l'or.

Autre bémol : l'or ne rapporte rien. « En cas de variation des prix, on peut se retrouver coincé avec son matelas doré », indique Philippe Crevel. Ce qui n'est pas un problème en période de taux négatifs. Mais lorsque les taux remontent, comme c'est le cas en ce moment, vous risquez de perdre de l'argent.

5. Les produits structurés

Certains acteurs ont pris le sujet de l'inflation à bras-le-corps. C'est notamment le cas de la solution d'épargne Mon Petit Placement, qui a lancé un « portefeuille anti-inflation ». Ce dernier prend la forme d'un produit structuré conçu en partenariat avec Société Générale et logé dans un contrat d'assurance-vie.

Dans le détail, ce placement réplique les performances de l'indice Eurostat Euro zone HICP, qui mesure l'inflation au sein de la zone euro. Le rendement du portefeuille est plafonné à 7% mais rapporte au minimum 2%. Chaque année, vous touchez donc 2 à 7% d'intérêts, en fonction de la performance annuelle de l'indice.

Autre particularité : votre capital est garanti. Sous réserve que vous acceptiez d'immobiliser vos fonds pendant 5 ans. A cette échéance, votre capital et les intérêts ainsi générés vous seront restitués. Le ticket d'entrée pour ce placement est fixé à 1 000 euros. Et vous ne pouvez pas placer plus de 50 000 euros.

D'autres acteurs proposent des fonds structurés à capital garanti, avec chacun leurs propres spécificités. C'est le cas, par exemple de Meilleurtaux Placement, de Cashbee avec son nouveau produit Onyx 1 accessible aussi dès 1 000 euros., mais encore de Linxea....

6. Le private equity

Le private equity, ou capital-investissement, consiste à prendre une participation au capital d'entreprises non cotées en bourse dans l'espoir de réaliser une plus-value lors de la revente des parts. Et ce placement a explosé en 2022 grâce notamment à certains contrats d'assurance vie en ligne qui permettent désormais d'investir sur ce type de support, auparavant réservé aux plus aisés. Sur le premier semestre 2022, les acteurs français du private equity ont ainsi collecté plus de 21 milliards d'euros.

Ce succès, le private equity le doit à ses performances hors normes. Sur les 15 dernières années, cette classe d'actifs a généré un retour sur investissement moyen de 12,1% par an, selon l'association France Invest. C'est deux fois plus que le CAC40. Difficile de faire plus efficace pour protéger votre épargne contre l'inflation.

Cela dit, le private equity est un placement risqué.« Près de 90% des startups font faillite, dont 10% dès la première année », rappelle Claude Calmon, fondateur du cabinet de conseil en levée de fonds Calmon Partners. Autre bémol : vos fonds sont souvent bloqués pendant 8 à 10 ans.

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