Si le tarif réglementé de l'électricité protège le consommateur pour l'année à venir, celui-ci peut s'interroger sur le type de contrat à souscrire pour tenter de faire baisser sa facture. A ce jeu, l'option heures pleines/heures creuses tire son épingle du jeu, notamment pour les gros consommateurs qui se chauffent à l'électrique.

La crise des prix de l'énergie frappe le marché français de plein fouet et une hausse des prix de l'électricité de 15% va intervenir dès le mois de février 2023 après une augmentation contenue de 4% en 2022. Dans ce contexte, faut-il souscrire à l'option heures pleines/heures creuses pour faire des économies ? Pour en profiter, il faut déjà s'assurer de bien être abonné aux tarifs réglementés - et non aux offres de marché indexées sur celui-ci. 10,7 millions de clients d'EDF ont souscrit à cette option contre 11,8 millions pour l'option standard appelée Base. Un choix qui demande de la méthode et du matériel récent, mais qui peut s'avérer gagnant à moyen terme.

En 2022, « l'offre heures pleines/heures creuses peut être intéressante financièrement pour les consommateurs. Il faut pour cela consommer plus d'un tiers de sa consommation en heures creuses », explique le médiateur de l'énergie à MoneyVox. Un changement d'ère puisque fin 2020, une étude montrait que les clients du tarif réglementé de l'électricité (TRV) avec un contrat heures pleines/heures creuses perdaient entre 30 et 50 euros chaque année avec une consommation électrique en heures creuses constatée de 40% en moyenne.

Dans le contexte actuel, cette option heures creuses est également mise en avant par le gouvernement qui planche aussi en parallèle sur une nouvelle offre d'effacement tarifaire sur le modèle de Tempo. « Une facture d'électricité plus basse pour les Français qui peuvent faire fonctionner leurs installations électriques et l'électroménager en profitant de tarifs plus bas et éviter les tensions du réseau électrique en faisant le choix des heures creuses », promet la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

Comment fonctionne l'option HP/HC ?

Un contrat avec option Heures pleines/heures creuses fonctionne, contrairement au contrat Base, sur deux grilles tarifaires en plus de l'abonnement et des taxes. L'électricité est moins chère en heures creuses (8 heures) et plus chère en heures pleines (16 heures). Les périodes où la consommation est la plus soutenue, c'est-à-dire le matin entre 6h et 8h, le midi et le soir entre 17h et 20h, sont obligatoirement en heures pleines.

La plage d'heures creuses change ensuite selon le compteur et le lieu d'habitation. Elles peuvent être appliquées uniquement la nuit, par exemple de 22h à 6h du matin, ou réparties entre la nuit et l'après-midi (ex : minuit – 6h et 15h – 17h). En aucun cas le client ne peut choisir sa plage horaire, précise le médiateur de l'énergie.

Pour baisser sa facture, il faut faire fonctionner certains appareils énergivores (lave-vaisselle, lave-linge, sèche-linge) sur ces créneaux horaires. Dans l'idéal, il faut disposer d'un matériel programmable ou être présent à son domicile la journée. Pour y parvenir, il faut généralement « être chauffé à l'électricité et avoir un ballon d'eau chaude qui se déclenche automatiquement en heures creuses », explique le médiateur de l'énergie. Naturellement, de bonnes pratiques peuvent aussi diminuer le montant de vos dépenses dans des proportions pouvant atteindre 25%.

Comment l'option HP/HC peut être rentable ?

Tout dépend du prix du kilowattheure (kWh). En 2022, pour que le contrat heures pleines/heures creuses soit rentable il faut minimum un tiers d'heures creuses. Monter à 50% permet de maximiser son gain.

D'abord, il faut bien voir que le prix annuel de l'abonnement HP/HC est plus élevé que pour un contrat de type Base :

Tarifs bleu EDF
Les tarifs Bleu EDF au 1er septembre 2022

Les écarts annuels du prix de l'abonnement sont donc de 5,76 euros pour un compteur de 6kWh, de 12,96 euros pour un compteur de 9kWh et de 19,80 euros pour un compteur de 9kWh, les trois puissances les plus utilisées par les particuliers. A noter que les taxes, qui pèsent 37% de la facture totale, sont les mêmes quelle que soit l'option choisie.

Ensuite, il faut sortir la calculette. Avec l'option Base, le tarif bleu d'EDF vend le kWh à un prix unique toute la journée, soit 0,1740 euro TTC quelle que soit la puissance du compteur. Si vous optez pour un contrat heures pleines/heures creuses, le prix du kWh en heures pleines est de 0,184 euro TTC, et celui des heures creuses est de 0,147 euro TTC, contre 0,135 TTC en mai 2021. Voici le montant des économies qu'il est possible de réaliser en se basant sur les profils de consommation utilisés par la Commission de régulation de l'énergie (CRE).

Quelles économies pouvez-vous espérer ?

Le client qui consomme 2 400 kWh par an (cuisson, eau chaude) va débourser donc (hors abonnement et taxe) 417,60 euros en option Base, aux tarifs du moment. Si l'on passe en option heures pleines/heures creuses, il paiera 397,30 euros par an s'il parvient à équilibrer sa consommation en 50% heures pleines et 50% heures creuses, soit un gain de 20,30 euros.

Sa dépense annuelle chutera même à 388,40 euros si la consommation est répartie en 40% heures pleines/60% heures creuses pour un gain de 29,20 euros. Même dans un cas de figure 60% heures pleines et 40% heures creuses, la facture annuelle sera de 406,20 euros avec un gain de 11,40 euros.

Le client qui consomme 8 500kWh (eau chaude, chauffage) va payer 1 479 euros par an en option Base. Si ce même client passe en heures pleines/heures creuses, il déboursera 1 407 euros par an avec une consommation à 50% heures pleines et 50% heures creuses, soit une économie de 72 euros. La baisse sera de 41 euros pour une consommation à 60% en heures pleines et elle atteindra même 104 euros avec une consommation à 60% en heures creuses pour une facture de 1 438 euros.

Le gain sur le prix de l'énergie est donc réel avec l'option heures pleines / heures creuses même s'il est réduit par un coût de l'abonnement plus élevé. De plus, l'option heures pleines/heures creuses génère plus de gains pour les gros consommateurs, notamment ceux qui se chauffent à l'électrique.