Les cinq principales associations de locataires de logements sociaux ont fustigé mercredi dans un communiqué le projet de loi logement du gouvernement en cours de préparation, l'accusant de faire « la chasse aux pauvres ».

« Les associations de locataires (AFOC, CGL, CLCV, CNL, CSF) s'opposent à un projet de loi qui fait la chasse aux pauvres, récompense les maires hors-la-loi, favorise le clientélisme, et vend les logements sociaux en pleine crise de l'offre de logements », clament-elles ensemble.

Le projet de loi porté par le ministre Guillaume Kasbarian, qui entend favoriser le logement des classes moyennes alors que la construction est en berne, prévoit plusieurs dispositions qui ont fait bondir les défenseurs du logement social.

Il entend abaisser les plafonds à partir desquels les locataires de logements sociaux doivent payer un loyer majoré, et favoriser l'expulsion des habitants de HLM dont les revenus leur permettent de se loger dans le parc privé.

« Ce n'est pas en opposant classe populaire et classe moyenne que l'on résoudra la crise du logement et que l'on créera de la mixité sociale en HLM », répondent les associations.

Voulue par le Premier ministre Gabriel Attal, une autre disposition controversée doit permettre à certaines communes en-deçà de leur quota de logements sociaux d'intégrer en partie les logements intermédiaires, aux loyers et aux plafonds de revenus plus élevés qu'en HLM, dans leur production servant à rattraper leur retard.

Le projet de loi, qui doit être présenté le 7 mai en Conseil des ministres pour un examen au Sénat en juin, doit également donner une marge de manœuvre accrue aux maires pour attribuer les logements sociaux.

« Le ministre (Guillaume Kasbarian) ouvre (...) la porte aux pires dérives », critiquent les cinq associations de locataires. « Clientélisme électoral, favoritisme selon les opinions politiques voire préférence nationale dans certaines communes. (...) Nous retournerions aux scandales des années 1980 et 1990, effaçant plus de 20 ans de réformes pour rendre plus transparent, équitable et juste le processus d'attribution des logements sociaux », estiment-elles.