Face à l'augmentation du coût de la vie, la hausse des salaires est forcément l'un des dossiers brûlants de cette campagne présidentielle 2022. Si la majorité des candidats souhaite une augmentation du Smic, d'autres misent sur une exonération des cotisations patronales pour espérer voir les plus bas revenus augmenter. MoneyVox fait le point sur les annonces des candidats concernant nos salaires.

Les salaires, l'une des priorités des Français pour cette campagne présidentielle ? Alors que l'élection présidentielle approche à grand pas, une majorité de Français (51%) place la question du pouvoir d'achat dans leur liste de priorités, devant le système de santé (32%) et l'environnement (30%) d'après un sondage Ipsos Sopra-Steria publié par France Inter le 23 janvier. La question des salaires, surtout face à la hausse actuelle du coût de la vie, est donc primordiale.

Le Smic comme cheval de bataille

Après deux revalorisations automatiques, au 1er octobre et au 1er janvier derniers, le Smic s'élève désormais à 1 603,12 euros brut par mois, soit 1 269 euros nets. Jeudi 17 mars, le ministre de l'économie Bruno Le Maire annonçait une nouvelle revalorisation automatique, d'environ 25 euros nets, « avant l'été ». Loin d'être suffisant pour bon nombre de candidats, notamment à gauche. Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) veut l'augmenter « directement à 1 400 euros net », comme Jean Lassalle (Résistons !).

Yannick Jadot (Europe Ecologie Les Verts) et Fabien Roussel (Parti communiste français) promettent un Smic à 1 500 euros net, mais pas au même rythme. Le candidat EELV désire cette augmentation « en cours de mandat », quand celui du PCF annonce une augmentation « atteinte rapidement ». Dans son programme, Anne Hidalgo (Parti socialiste) table sur une hausse de 15% dès son arrivée au pouvoir « ce qui correspond à 200 euros nets de plus par mois ». Soit un Smic à 1 469 euros.

Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) revendique lui « un salaire minimum de 1 800 euros net ». Sans mentionner nommément le Smic, Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) explique de son côté « qu'aucun salaire, aucune pension de retraite, aucune allocation ne doit être en-dessous de 2 000 euros. » Marine Le Pen (Rassemblement National) ne souhaite pas d'augmentation du Smic. De son côté, Eric Zemmour (Reconquête !) prévoit « une augmentation du salaire net des travailleurs au Smic jusqu'à plus de 105 euros par mois grâce à la baisse des impôts sociaux. » Le président sortant Emmanuel Macron ne s'est lui pas prononcé sur le sujet du Smic.

Une hausse des salaires qui passe par les entreprises

Pour tous les candidats, les entreprises auront un rôle à jouer dans l'augmentation des salaires. Le candidat LFI défend « l'idée d'une négociation salariale par branche » quand Yannick Jadot compte lui obliger les entreprises « à la renégociation des grilles de salaires dès lors que le minima conventionnel se trouve inférieur au Smic, pour assurer l'augmentation de l'ensemble des bas salaires. » Fabien Roussel est sur la même ligne, mais veut des renégociations pour « une hausse généralisée de la grille des salaires. » Même son de cloche chez Philippe Poutou qui demande en plus une « revalorisation immédiate de 400 euros par mois. »

Sans donner de chiffre, Anne Hidalgo garantit « des négociations salariales dans toutes les branches professionnelles pour faire en sorte que l'augmentation des salaires favorise le plus grand nombre. » De son côté, Valérie Pécresse table sur « une hausse du salaire net de 10% en 5 ans pour tous ceux qui gagnent moins de 2 800 euros net par mois » sans expliquer comment.

Retraites, impôts, pouvoir d'achat : ce que vous promet Macron

À l'extrême droite, Marine Le Pen propose de « permettre aux entreprises une hausse des salaires de 10% (jusqu'à 3 Smic) en exonérant cette augmentation de cotisations patronales ». Eric Zemmour veut lui « exonérer totalement d'impôts et de charges sociales les heures supplémentaires » ainsi qu'une prime « zéro charge » d'un montant maximum équivalent à trois mois de salaire net.

Pour Nicolas Dupont-Aignan, il faut augmenter les salaires de 8% (équivalent d'un 13ème mois) pour tous les salariés jusqu'à 3 Smic. Une augmentation financée « par la réduction des cotisations salariales. » Jeudi 17 mars, lors de la présentation de son programme de campagne, Emmanuel Macron s'est lui engagé, s'il est réélu, à tripler le plafond de la « prime Macron » qui permet jusqu'ici aux entreprises de verser jusqu'à 1 000 euros sans cotisations ni impôt à leurs salariés (voire 2 000 euros pour les entreprises qui disposent d'un accord d'intéressement).

Pour les candidats les plus à gauche, les salaires doivent également prendre en compte l'inflation. Au NPA, on estime que « quand les prix montent, les revenus doivent augmenter en proportion. C'est l'échelle mobile des salaires ». Une volonté partagée par Nathalie Arthaud, qui estime que « face à l'inflation, il faut indexer les salaires sur les prix. »

Le dégel du point d'indice divise

Avant même son premier discours de campagne, Emmanuel Macron avait pris les devants. Lundi 14 mars, le gouvernement annonçait un dégel du point d'indice de la fonction publique, synonyme d'augmentation d'ici l'été pour les fonctionnaires.

Chez le reste des candidats, Yannick Jadot et Fabien Roussel ont inscrit la revalorisation du point d'indice de la fonction publique dans leur programme. À droite de l'échiquier politique, Eric Zemmour et Marine Le Pen ne sont pas pour le dégel du point d'indice mais des revalorisations secteur par secteur. La candidate LR est sur la même ligne.

Les enseignants (presque) unanimement revalorisés

Certaines professions font donc l'objet de discussions particulières, à l'image des enseignants ou des professionnels de santé. Pour les premiers, les candidats sont presque unanimement en accord pour une revalorisation des salaires : 30% pour Jean-Luc Mélenchon (15% à son arrivée puis 15% durant le quinquennat), 20% sur cinq ans pour Yannick Jadot. Anne Hidalgo veut faire débuter les jeunes professeurs des écoles à 2 300 euros net par mois. Jean Lassalle estime lui qu'un enseignant devrait toucher « au moins 2 181 euros soit près de 700 euros de plus » (ils sont aujourd'hui aux alentours des 1 500 euros net en début de carriè). Marine Le Pen, jugeant les professeurs « prolétarisés depuis vingt-cinq ans », propose de revaloriser leur grille indiciaire de 3% par an pendant le quinquennat. Eric Zemmour assure également vouloir une revalorisation, sans donner de chiffre.

Présidentielle : RSA, APL, AAH... Qui veut raboter ou booster les aides sociales ?

Dans son programme, le candidat de La République en Marche propose plus de budget pour l'enseignement, et une augmentation de ceux qui accepteront de nouvelles missions (remplacement systématique des professeurs absents, accompagnement périscolaire...). Pas d'augmentation généralisée donc, mais du cas par cas.

Les professionnels de santé ont également droit à une discussion à part. Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Eric Zemmour et Marine Le Pen promettent une revalorisation des salaires quand Valérie Pécresse et Fabien Roussel préfèrent mettre en avant la création de postes (25 000 soignants supplémentaires en cinq ans à l'hôpital public pour la candidate LR, 100 000 emplois « dans tous les métiers : infirmiers, aides-soignants, auxiliaires de vie, aides à domicile » pour Roussel).

Parmi les autres mesures envisagées pour augmenter les salaires des Français, on peut noter la monétisation de son temps hors de l'entreprise. Valérie Pécresse milite ainsi pour la possibilité de convertir les RTT en salaire, sans charge et sans limite. Emmanuel Macron est sur la même ligne en disant vouloir rendre le compte épargne temps universel, portable d'une entreprise à l'autre, mais également le monétiser.

Compte-épargne temps universel : ce que cache la promesse de Macron